Notre source inépuisable : La peinture du 20ème siècle
ou
« A la recherche d’une autre réalité… »
L'art moderne désigne une multitude de styles et de mouvements en rupture avec les canons esthétiques prédéfinis à la Renaissance. Pour Baudelaire, la modernité est "le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l'art dont l'autre moitié est l'éternel et l'immuable." De l'impressionisme au Pop Art, en passant par toutes les avants-gardes du 20 siècle, de la figuration à l'abstraction, voici bien un siècle en permanente révolution.
Dans les années 1910, alors que la guerre met l’Europe à feu et à sang, se cristallise dans l’imaginaire des artistes la nécessité d’atteindre un autre stade de l’art, l’abstraction, qui constitue sans doute l’une de ses plus importantes révolutions conceptuelles. Voir et peindre une autre réalité sera alors le chemin à tracer !
Kandinsky et le Blaue Reiter
En 1910, Kandinsky exécute la première aquarelle abstraite et rédige « Du Spirituel dans l’art », dans lequel il souligne que l’abstraction résulte d’une « nécessité intérieure » et d’une intuition, en particulier face à Dieu et à la musique. Un an plus tard, à Munich, un certain nombre se regroupent sous le nom de Blaue Reiter (Cavalier Bleu) autour de Kandinsky, et tentent de réaliser avec lyrisme des équivalences entre sensation, lignes et couleurs.
La progression solitaire de Mondrian vers l’abstraction est moins brutale : de ses premières toiles impressionnistes, le peintre néerlandais glisse peu à peu vers une essentialisation des formes, jusqu’à arriver à une orthogonalité stricte et des couleurs pures. En 1918 paraît le premier « Manifeste du mouvement néoplasticiste » : y est proclamé qu’en peinture, toute subjectivité doit être bannie, et avec elle le dynamisme, le mouvement et l’irrégularité.
L'abstraction « pure » de Malevitch
C’est aussi un chemin vers une abstraction « pure » qu’emprunte le Russe Malevitch, qui publie en 1915 « le Manifeste suprématiste », deux ans après avoir peint son premier Carré noir sur fond blanc. Tout comme chez Kandinsky, la quête de Malevitch est spirituelle, et vise une dimension cosmique qui libèrerait totalement la peinture de toute référence au monde extérieur.
Dans l’immédiate après-guerre, en écho à la libération des pulsions revendiquée par les surréalistes, les peintres américains liés à l’expressionnisme abstrait laissent libre cours à leur inspiration et au geste pictural.
L’expressionnisme abstrait américain
Aux Etats-Unis, en particulier à New York, certains artistes américains, dont Jackson Pollock et Robert Motherwell, subissent l’influence directe des surréalistes émigrés dans les années 1940. L’expressionnisme abstrait, qui se développe dans les années 1950-1960, prend alors deux formes contradictoires. La plus agressive, l’action painting de Pollock, consiste à considérer la peinture comme un geste, une action de l’artiste, où le hasard de la matière (les drippings) a sa place.
Certains peintres pratiquent le all over, couvrant entièrement la toile de peinture. Tendance plus zen, la colorfield painting (peinture du champ coloré) est plus méditative et introspective. Ses représentants majeurs sont Marc Rothko, Barnett Newman et Clyfford Still.
Le début des années 1950 voit la naissance d’autres tendances de l’art, plus subversives et profondément décisives pour l’évolution de l’art du prochain demi-siècle. Une des plus connues sera sans aucun doute le célèbre Pop art américain.
Le Pop Art américain
Aux Etats-Unis, le Pop Art apparaît au sein d’une société de consommation en plein boom : par le réemploi et le détournement plus ou moins dénonciateur des signaux les plus emblématiques d’une culture dorénavant liée au fait économique d’une boîte de soupe au visage de Marylin, Robert Rauschenberg, Jasper Johns, puis Claes Oldenburg, Roy Lichtenstein, Andy Warhol ou David Hockney magnifient par le formalisme de leurs œuvres les éléments les plus triviaux et les plus artificiels de cette culture.
Et cette passionnante histoire de ces aventuriers du pinceau se prolonge encore de nos jours… et finalement n’aura pas de fin…